J'aime beaucoup la poésie de Jacques Brault. Aujourd'hui j'ai relu quelques passages du recueil Il n'y a plus de chemin. Ce livre est presque toujours dans mon sac et j'y tiens comme la plupart des filles tiennent à leur rouge à lèvres. Voici une prose poétique que je trouve magnifique et que j'avais envie de vous partager. Peut-être l'avez-vous déjà lue :
Plusieurs fois je suis mort en plein dans ma vie. Non par une entrée ou une tombée dans le noir et le froid. C'était un arrachement comme à une plante tenace, en automne; racine après racine et radicelle après radicelle. Une déchirure n'attend pas l'autre. Parfois, un répit. L'arracheur souffle un peu. L'arraché aussi. Et ça recommence, plutôt : ça continue, plutôt : ça augmente. Mais la douleur engourdit la douleur; l'angoisse endort l'angoisse. On meurt facilement, au fond. Tout au fond. Le dur, c'est avant de toucher ce fond. On se porte, on s'échappe, on se ramasse; on se connaît cadavre.
Il n'y a plus de chemin, Éditions du Noroît, 1990, page 43.
mardi, février 08, 2005
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