mercredi, avril 20, 2005

Quelques moments avec quelques Acadiens

Ce n'était pas la première fois que j'allais au Nouveau-Brunswick. C'était par contre mon baptême de Caraquet, la petite ville longue au magnifique port de pêche. Lundi après-midi, nous avons fait une entrevue avec Linda Lanteigne, une résidante et femme d'affaires de l'endroit, au centre culturel de la ville. C'est un bâtiment ordinaire de l'extérieur, mais beau à l'intérieur. On y trouve plusieurs sculptures faites avec des objets de la vie courante, sortes de vide-tiroir, vide-garde-robe, vide-poche. Je compte bien tenter de faire ma propre sculpture vide-placard ! Au fait, vous aie-je parlé de l'enjeu de ce tournage ? Le bonhomme sept heures. Ce reportage sera jumelé à celui du petit bonhomme pas de tête de l'Isle-aux-Grues, dans le cadre de la série documentaire Y paraît que... (deuxième saison). Bon, continuons. Linda m'a parlé de ce qu'elle sait à propos du bonhomme sept heures, avec naturel. Une femme bien sympathique. Une femme d'action aussi. Elle m'a beaucoup parlé du problème que vivent les résidants de Caraquet : leur hôpital est vide. En fait, il est transformé en sorte de CLSC le jour, de 9 à 5 environ, mais après, rien. Il faut faire 45 minutes de route pour aller se faire soigner. Autrement dit, faut pas être en danger de mort à Caraquet, parce qu'on risque de ne pas en revenir vivant. Linda dit que c'est un ministre qui a fait fermer l'hôpital, pour se venger, parce qu'il a perdu ses élections dans cette région. Elle soutient que ce dit ministre a fait ça pour toutes les régions qui n'étaient pas avec lui. Tout ça pour dire que devant l'hôpital, il y a un feu de circulation. Du matin au soir, des résidants de Caraquet traversent la route devant l'hôpital avec des pancartes et les automobilistes klaxonnent pour montrer leur appui. Tout ce beau monde manifeste en faveur du retour des soins depuis maintenant un an. Des pancartes de SOS H sont aussi visibles dans toutes les fenêtres des maisons ou presque. Je vais me renseigner sur cette affaire. Je suis pas très au courant.

Lundi soir, nous avons fait une entrevue à la maison des jeunes de Caraquet avec Mylène, Mélanie, Audrey, Lisa, Alexandra et Stéphane. Je crois que cette entrevue sera payante. Y'a de bons moments. Les jeunes discutent entre eux de ce qu'ils savent ou de ce qu'ils imaginent à propos du bonhommes sept heures. Ils sont comiques. C'est vivant, il y a des rires, des hésitations, des couleurs et un accent si musical ! Au crépuscule du soir, nous sommes ensuite allés faire une petite mise en scène dans une cour d'école primaire.

Mardi, nous avons été faire des vox pop au quai des pêcheurs. C'était difficile au début parce que les premiers pêcheurs que j'ai rencontré n'étaient pas très réceptifs. J'avais l'air un peu bizarre d'aller sur le quai pour leur parler du bonhomme sept heures ! Mais, mes collègues expérimentés m'ont aidée et nous avons développé une méthode qui a bien fonctionné. On a finalement pu convaincre quelques hommes à participer à l'émission. On a du bon matériel de pêcheurs qui se trouvent sur leur bateau et qui rigolent avec les autres hommes à propos du bonhomme sept heures. C'est bien drôle. J'adore leur accent ! Ils disent leur ''on'' en ''an''. Par exemple, il y en a un qui s'appelait Yvon. Moi je comprenais Yvan. Je lui ai demandé de répéter, pour être certaine : Yvan ou Yvon ?!! Il a dit Yvan, mais ça voulait dire Yvon, une fois de plus.

En après-midi on a fait du visuel de Caraquet, et on a interviewé Michel Duguay, un peintre qui a fait une toile représentant le bonhomme sept heures. Je remarque que les résidants de Caraquet sont très ouverts à l'art. J'ai vu plusieurs toiles dans quelques bâtiments dont celui de la Fédération des caisses acadiennes et de la caisse populaire. Et ce n'était pas de vulgaires paysages ennuyants comme on voit dans nos caisses. Il y avait toutes sortes de tableaux très originaux et flyés. Bravo ! Le soir, on a fait des mises en scènes avec Michel, ses deux filles et le preneur de son déguisé en bonhomme sept heures, dans le bois d'un très beau sanctuaire.

Aujourd'hui, mercredi, nous nous sommes arrêtés pour faire des mises en scène avec le bonhomme sept heures dans un cimetière où se trouvait une jolie petite église en bois. Nous sommes ensuite allés à Dalhousie pour faire une entrevue avec deux conteurs acadiens. L'un deux avait tout d'un personnage légendaire : grande barbe blanche (un peu jaunie par la cigarette), pantalons en sorte de faux cachemire, béret, etc. Nous avons fait l'entrevue dehors, sur une plage où il y a un petit phare et une petite île. Ces deux conteurs très gentils, Nelson Michaud et Alfred Légère, nous ont parlé des différents noms que peut avoir le bonhomme sept heures, dépendant des endroits.

Nous avons ensuite roulé vers Matane et j'ai pris plusieurs photos en chemin avec le super appareil de Benny (le preneur de son) qu'il me prête souvent, bien gentiment. Je mettrai en ligne les meilleures, bientôt.

Bref, ce fut un beau voyage. Il a fait beau tout le temps, à notre grand bonheur, ce qui nous a facilité la tâche. Je crois que ce que nous avons fait est bon. Je suis satisfaite. Je pense aussi avoir rempli ma mission de première réalisation. Bon, c'est certain que j'ai un monde à découvrir techniquement, mais pour les idées, ça, j'en ai ! Et puis le caméraman et le preneur de son qui eux, ont du métier, m'ont donné de bons conseils. J'ai encore une fois appris beaucoup et j'ai rencontré de belles personnes. Quoi de mieux ?!!

Avec ce que nous avons fait à Caraquet et les entrevues que j'ai réalisé auparavant au Québec avec l'ethnologue Jean Du Berger et la linguiste Christine Portelance, y'a de quoi faire un vrai bon reportage sur le bonhomme sept heures.

C'est déjà terminé. Ça passe si vite en tournage ! C'est fou ! Quand on revient, il faut s'habituer de nouveau à travailler au bureau. Ça prend quelques heures d'adaptation. Je partirais encore demain matin !

Info comme ça qui sort de nulle part : j'ai appris que des bessons, ce sont des jumeaux non identiques, en Acadie. J'avais jamais entendu ça.

Pardonnez cet amalgame de souvenirs décousus ! Je suis un peu sur le radar et je ne me relis pas trop ! Bonne nuit !

3 commentaires:

Anonyme a dit...

Tu sembles avoir fait bon voyage chez nos voisins, Mélanie!

En parlant du bonhomme sept heures, j'en ai parlé à mes élèves il n'y a pas bien longtemps et, à ma grande surprise, personne ne le connaissait! Ils n'en avaient jamais entendu parlé! Quelques-uns connaissaient le monstre du Loch Ness et même le monstre du lac Pohénégamook par contre, ainsi que plusieurs légendes et contes. Cela m'a rassurée! Je ne croyais tout de même pas que le bonhomme sept heures était inconnu aux jeunes d'aujourd'hui! J'ai pris un coup de vieux cette journée-là! (Comme cela m'arrive souvent, d'ailleurs!)

En lisant ton écrit sur le tournage et tout ce qui tourne autour, de vieux ulcères sont ressortis lorsque tu as fait mention d'une certaine linguiste que j'ai connue en même temps que toi! J'ai, depuis, fait la paix avec la linguistique et je me pratique même à écrire en phonétique de temps en temps! Il faut croire qu'à l'usure, madame Portelance aurait pu à l'époque me faire aimer la linguistique! Je me souviens d'heures interminables à étudier ce qui était, pour moi, la plus incompréhensible des matières!

Roxane

Inégal Manège a dit...

Tu peux inviter tes élèves (et Dimitri) à aller voir notre site au www.yparaitque.ca. Il y a un conte interactif qu'ils risquent de trouver trippant !

Hum, oui, on s'est arraché plusieurs cheveux en étudiant la matière présentée par Christine !!J'ai préféré les cours de sémiotique et de sémantique à celui de linguistique générale. Dire que ça fait déjà presque 10 ans !! Ouf !

Anonyme a dit...

Bonne idée, merci du tuyau!

Roxane